Interview de  Pascal Benquet

enseignant-chercheur en Neurosciences et co-directeur de l’équipe INSERM sesame

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Interview de  Pascal Benquet

Interview de Pascal Benquet

Pascal Benquet est enseignant-chercheur en Neurosciences et co-directeur de l’équipe INSERM sesame au laboratoire du traitement du signal et de l’image LTSI à Rennes. Spécialisé en neurosciences cliniques, ses thèmes de recherche concernent l’épilepsie, la cognition, la perception consciente de l’information. Il s’intéresse depuis plus de 15 ans aux mécanismes cérébraux des apprentissages.





 
  • Il a animé l'atelier du 21 janvier 2021 sur la thématique Fonctionnement cérébral et apprentissages : apports récents des Neurosciences.
 
  • Quels thèmes avez-vous abordé lors de votre conférence ?
J’ai abordé les fondamentaux des mécanismes cérébraux des apprentissages notamment les systèmes attentionnels et leurs modulations : quels sont les évènements qui attirent l’attention et ceux qui au contraire provoquent des distractions attentionnelles ?
J’ai également abordé la problématique de l’encodage, c’est-à-dire comment une information va être imprimée dans le cerveau, et à quel point, il est facile ou non, de l’accrocher au savoir existant, en mentionnant notamment les notions d’espaces sémantiques.
J’ai évoqué également le rôle crucial des émotions dans les différentes étapes de l’apprentissage, aussi bien dans les modulations attentionnelles, dans l’encodage, mais aussi le rôle du sommeil dans la consolidation des apprentissages. On a enfin parlé du rôle des circuits émotionnels dans la modulation de la motivation mais aussi la manière dont ces circuits émotionnels sont capables de consolider une information sur du long terme.

 
  • Racontez-nous une expérience en pédagogie innovante
Je vais vous parler d’un projet qui s’appelle EMOTISCOL. C’est un projet qui reprend les notions de métacognition, d’enseignement bienveillant, d’attention et de mémorisation que j’ai appliqué auprès d’élèves de collèges en Bretagne. Pour cela, je me suis associé à mes collègues neuropsychologues, neurologues et neuroscientifiques pour mettre en place des tests neuropsychologiques que les enfants pouvaient manipuler pour se rendre compte par eux-mêmes de ce qu’étaient des distracteurs attentionnels, l’attention, et parler à ces jeunes de 6ème du rôle des émotions, du contexte émotionnel, de la bienveillance notamment entre eux. En effet, la bienveillance entre le professeur et les élèves, c’est bien mais finalement, ce n’est pas ce qui est le plus important en classe de 6ème. A cet âge, ce qui fait peur, c’est le lien avec les autres, avec ses pairs. On a donc mis en place des jeux coordonnés par les équipes enseignantes qui visaient à augmenter la bienveillance des élèves entre eux et à augmenter le contexte émotionnel positif au sein des classes. Ce protocole a été appliqué. Il y a eu des aspects très positifs comme les retours des élèves, des parents d’élèves et des enseignants qui étaient très motivés, et puis des aspects négatifs, notamment administratifs, qui nous ont finalement obligé à stopper le projet qui avait pour seul but l’amélioration de l’approche pédagogique, du bien-être en classe au sein de ces établissements.

 
  • Quels conseils donneriez-vous à nos enseignants ?
Mon rôle n’est pas de donner de conseils pédagogiques mais plutôt de communiquer sur le fonctionnement cérébral. Néanmoins, lors de cette conférence, j’ai mentionné plusieurs choses qui pourraient peut-être être prises en compte : Communiquer sur les distracteurs attentionnels, se projeter dans les espaces sémantiques des étudiants : « Qu’est-ce que l’étudiant va juger important ? », « à quel point peut-il raccrocher ce que je lui enseigne à ses savoirs pré-existants ? ». Enfin, prendre en compte les aspects émotionnels dans sa communication verbale et non verbale. Cela semble majeur pour communiquer de manière optimale et essayer de faire de bons cours.
Thématique(s)
Témoignage CAP
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Mise à jour le 21 mars 2022